Trucks

Magnus Broback
2023-03-10
3 min
Recharge & gestion de l'énergie
Author
Magnus Broback
Senior Chief Project Manager

Pourquoi l’infrastructure de recharge pour les poids lourds électriques va se développer ?


Les stations de recharge pour voitures particulières sont de plus en plus fréquentes, mais les mêmes infrastructures publiques pour les camions sont pratiquement inexistantes. Toutefois, les développements récents indiquent que cette situation est sur le point de changer.



La pression pour étendre l’infrastructure de recharge publique pour les camions électriques est de plus en plus forte et provient tant du secteur public que du secteur privé.

En l’état actuel des choses, la plupart des propriétaires de poids lourds électriques dépendent d’équipements de recharge installés sur leur propre propriété, ce qui limite leur autonomie. Et bien qu’il soit théoriquement possible de recharger un camion électrique à une station de recharge pour voitures particulières, son agencement physique, comme les places de parking et les structures fixes, rend la chose impossible dans la plupart des cas.

 

La réalité est que si les camions électriques doivent se déployer autant que nécessaire pour faire la différence en matière de changement climatique, un réseau de stations de recharge beaucoup plus important sera nécessaire. La bonne nouvelle, c’est que les choses commencent à changer et l’Europe joue un rôle de premier plan. En 2021, la première station de recharge publique pour véhicules lourds a été ouverte à Göteborg et il est prévu d’en ouvrir trois autres. La chaîne de stations-service Circle K prévoit également d’ouvrir une station de recharge publique pour poids lourds électriques, qui devrait être opérationnelle en 2022.

 

En juillet 2021, Volvo Group a signé un accord non contraignant en vue de créer une coentreprise pour mettre en place un réseau public de recharge pour les poids lourds électriques longue distance et les autocars à batterie dans toute l’Europe. Ensemble, les parties concernées souhaitent investir 500 millions d’euros dans l’installation et l’exploitation d’au moins 1700 points de recharge à énergie verte de haute qualité dans les cinq ans suivant la création de la coentreprise.

 

« Au cours des deux dernières années, nous avons assisté à un grand changement : de nombreux fournisseurs de services de recharge qui ne voulaient pas parler de stations de recharge pour camions sont désormais très enthousiastes à l’idée. » déclare Magnus Broback, Charging Systems Director chez Volvo Trucks. « En effet, jusqu’à récemment, il n’y avait pas d’analyse de rentabilité à ce sujet. Mais maintenant que nous voyons plus de camions électriques sur les routes, il est logique d’investir dans les réseaux de recharge. »

 

Partenariats public-privé

Le secteur public est très actif en Europe aussi. Le paquet législatif « Fit for 55 » de l’UE, qui vise à réduire les émissions de carbone d’au moins 55 % d’ici 2030, inclut également des réseaux de recharge. Ainsi, l’UE a présenté une proposition de règlement sur le déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs (AFIR), qui obligera les États membres à investir davantage dans les infrastructures de recharge des véhicules électriques. En outre, le nouveau Règlement général d’exemption par catégorie (GBER) devrait permettre aux autorités nationales d’investir plus facilement dans les infrastructures de recharge publiques.

 

« L’élan du secteur privé est suffisant pour garantir que le passage à l’électromobilité se fera de toute façon », explique Magnus. « Mais les aides publiques, par le biais de la réglementation et des subventions publiques, vont accélérer la transformation. Et cela est essentiel, car face au changement climatique, nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre 15 ans. »

 

L’incidence des voitures particulières électriques

Entre-temps, l’infrastructure de recharge publique pour les voitures particulières continue de se développer. Malgré les inquiétudes concernant la capacité des réseaux électriques, les conséquences pour les camions électriques seront positives. En effet, les deux utilisent la même norme CCS2 pour recharger jusqu’à 350 kilowatts ; la grande différence est que les camions ont besoin d’une haute tension (500-750 volts), que toutes les nouvelles stations de recharge peuvent fournir. En dehors de cela, la seule contrainte qui empêche les camions d’utiliser les stations de recharge existantes est l’espace physique autour du chargeur.

 

« Les deux réseaux de recharge sont davantage en synergie qu’en concurrence », explique Magnus. « Le réseau de véhicules particuliers contribue à créer un écosystème similaire offrant des économies d’échelle, ainsi qu’une meilleure connaissance des technologies et des modèles commerciaux. »

 

Et en ce qui concerne le dépassement des capacités des réseaux électriques ? « Ce sera sans doute un problème à certains endroits, mais il est possible de le résoudre. Après tout, en tant que société, nous travaillons avec des réseaux électriques depuis plus d’un siècle. Il est clair que nous devons commencer à préparer et à étendre le réseau, comme nous le faisons depuis plus de 100 ans. C’est un défi que nous pouvons certainement relever. »