Trucks

Pourquoi il faut moins s’inquiéter de l’autonomie des camions électriques

Niklas Andersson
2025-02-12
Électromobilité Carburants alternatifs
Author
Niklas Andersson
Electric Solutions Director


L’autonomie fait souvent peur lorsqu’on parle de camions électriques, mais cette crainte est-elle fondée dans la réalité du transport ?
 

De récentes études et enquêtes montrent que l’autonomie reste l’une des principales préoccupations des exploitants de flottes et des conducteurs lorsqu’il s’agit de camions électriques. Pourtant, 70 % des camions lourds en Europe parcourent moins de 500 km par jour – une distance parfaitement compatible avec les capacités des modèles électriques actuels. Alors, le secteur du transport ne serait-il pas trop focalisé sur la question de l’autonomie ?

 

Pourquoi cette inquiétude autour de l’autonomie ?

Le monde du transport repose sur une longue tradition : celle de véhicules pouvant contenir jusqu’à 1 500 litres de carburant, et d’un réseau de stations-service omniprésent. Dans ces conditions, le ravitaillement n’a jamais posé problème. Mais avec l’arrivée des camions électriques à batteries, l’énergie embarquée est plus limitée, ce qui peut susciter une certaine incertitude. Et comme la logistique repose avant tout sur une planification précise, la recharge devient simplement un nouveau paramètre à gérer — pas une contrainte insurmontable.

 

L’anxiété liée à l’autonomie reflète-t-elle vraiment la réalité du terrain ?

Selon le professeur Patrick Plötz, chercheur à l’Institut Fraunhofer pour la recherche sur les systèmes et l’innovation (ISI) à Karlsruhe, les camions électriques d’aujourd’hui répondent déjà à une grande partie des besoins de transport.
Des études montrent par exemple que 60 % des camions en Allemagne pourraient être remplacés par des modèles électriques, fonctionnant avec une seule recharge nocturne au dépôt.

« La demande pour des autonomies plus longues est avant tout psychologique », explique Patrick Plötz. « Nous avons pris l’habitude de parcourir 1 000 km avec un seul plein, donc 400 à 500 km paraissent insuffisants.

Mais en réalité, cela couvre déjà la majorité des besoins du secteur. »

À mesure que les infrastructures de recharge publiques se développent et que les possibilités de recharge pendant les trajets se multiplient, les camions électriques pourront parcourir des distances toujours plus longues, bien au-delà de leur autonomie initiale.

Professor Patrick Plötz has spent over a decade researching the electrification of transportation
« La demande pour des autonomies plus longues est avant tout psychologique, nous avons pris l’habitude de parcourir 1 000 km avec un seul plein, donc 400 à 500 km paraissent insuffisants. Mais en réalité, cela couvre déjà la majorité des besoins du secteur. »

Le secteur du transport accorde-t-il trop d’importance à l’autonomie ?

En se focalisant autant sur l’autonomie – et en réclamant des distances souvent supérieures à la réalité des besoins – le secteur risque de freiner sa transition vers l’électrique.

 

Et ce faisant, il passe à côté de tous les avantages de l’électromobilité : des coûts d’énergie bien plus faibles, zéro émission de CO₂ et une expérience de conduite plus silencieuse et agréable. Un autre écueil est de surdimensionner les véhicules électriques, ce qui augmente le coût total de possession (TCO).

 

Car plus d’autonomie signifie des batteries plus grandes, donc plus chères, mais aussi moins de charge utile disponible.
 

Le bon camion pour le bon usage

Plutôt que de viser l’autonomie maximale, il s’agit avant tout de trouver le bon camion pour chaque mission.
Posez-vous les bonnes questions :

  • Quelles distances vos véhicules parcourent-ils au quotidien ?
  • Quelle charge transportent-ils ?
  • Où s’effectuent les arrêts ?
  • Existe-t-il des possibilités de recharge sur vos trajets ?